Ces derniers millésimes de plus en plus chaud et sec, se sont révélés être de grands vins. Alors que ces conditions sont favorables à la vigne, elles nécessitent aussi une viticulture plus pointue.
Découvrez comment la Maison Paul Jaboulet Aîné perfectionne son savoir-faire et mène des essais et recherches sur la gestion du feuillage pour s’adapter à une nature en perpétuelle évolution.
Si ce phénomène est observable depuis plusieurs décennies, ce qui était exceptionnel, comme le millésime 2003, est devenu la règle aux Domaines Paul Jaboulet Aîné à partir de 2016.
Le premier millésime d’une longue série de vendanges précoces occasionnées par des températures élevées (32°C à l’ombre en saison 2022 vient couronner cette série par un record de plus de 50 jours au-dessus des 32°C. Une année aux conditions climatiques particulièrement exceptionnelle en termes de sécheresse et chaleur, qui a entrainé une récolte historiquement précoce : « Nous avons démarré les vendanges le 11 août, du jamais vu de mémoire de vigneron. C’est dans ces conditions extrêmes que l’on mesure la grandeur des terroirs ainsi que le fruit de notre travail ». Le millésime 2022 s’étant révélé comme un très grand millésime pour les Domaines Paul Jaboulet Aîné.
Pour cela, l’équipe anticipe en adaptant ses méthodes culturales aux fortes températures et au manque d’eau. Sous l’impulsion de Caroline Frey, plusieurs essais dont un essai sur le feuillage de la vigne sont menés.
Les printemps de plus en plus secs ne permettent pas de créer suffisamment de réserves hydriques ce qui perturbe le cycle végétatif de la vigne, et occasionne parfois des blocages.
Les essais consistent à laisser pousser la vigne qui est une liane, la laisser explorer son environnement comme elle le fait naturellement et la tisser en ponts. L’objectif de cette manœuvre est de ne pas couper l’apex (bourgeon terminal de chaque rameau) afin d’éviter la repousse des bourgeons auxiliaires qui sont consommateurs en eau. Ce mode de conduite alternatif permet à la plante de se réguler automatiquement lors de fortes chaleurs et de mieux gérer les équilibres entre feuillage et fruits. De plus, ces ponts apportent un peu plus d’ombre sur les raisins et régulent la pousse des entrecœurs. Cependant un feuillage plus important est consommateur d’eau et pourrait entrainer des stresses hydriques plus marqués.
« Nous sommes convaincus que c’est grâce aux observations et aux expériences que l’on peut tester la validité d’une hypothèse. Il s’agit d’un essai qui devrait se prolonger sur plusieurs millésimes. D’ici 5 ans, les résultats commenceront à être observés et enfin ils pourront se prononcer sur l’efficacité de cette méthode. Dans les vignes, la patience est une vertue essentielle. « Notre relation au temps prend une autre dimension. Ils prennent soins de vignes centenaires qu’ils cultivent pour les prochaines générations. »